Musée Dapper
Type | |
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Ouverture | |
Fermeture | |
Surface |
2450m2 |
Visiteurs par an |
40 000-100 000[1] |
Site web |
Collections |
Arts africains |
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Nombre d'objets |
Pas de collection permanente |
Pays |
France |
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Commune | |
Adresse |
35 bis, rue Paul-Valéry - 75116 Paris |
Coordonnées |
Le musée Dapper était un musée parisien privé créé en 1986 qui se définit comme un « espace d'arts et de cultures pour l'Afrique, les Caraïbes et leurs diasporas ». Géré par la Fondation Dapper, il a fermé le .
Son nom rend hommage à un humaniste néerlandais du XVIIe siècle, Olfert Dapper. La Fondation Dapper a fermé les portes du musée Dapper le dimanche , pour évoluer et s'adapter à l'environnement et l'offre culturelle actuelle, et poursuivre sur le soutien aux arts d'Afrique, d'hier et d'aujourd'hui, mais de façon différente. La Fondation souhaite œuvrer là où son engagement trouvera désormais un véritable écho, et conformément au souhait de Michel Leveau, son fondateur, elle va amplifier ses activités au Sénégal et en initier d'autres, ailleurs, en Afrique et dans les Caraïbes[2].
Histoire
[modifier | modifier le code]La fondation Olfert Dapper naît à Amsterdam en 1983, à l’initiative de Michel Leveau (1930-2012[3]), industriel polytechnicien, conseiller de gouvernements africains[4] et bientôt détenteur de « l’une des plus abondantes collections d’art africain en Europe »[5].
- De la fondation au musée
Affirmant sa volonté d’aider à la connaissance et à la préservation des patrimoines de l’Afrique subsaharienne, la fondation attribue des bourses d’études et de recherche dans les domaines de l’histoire et de l’ethnologie, ainsi qu’une aide aux publications. Une association de type loi de 1901 est créée en 1984 par le président et son épouse. Christiane Falgayrettes-Leveau[6], originaire de Guyane et ancienne élève de Maryse Condé, est alors journaliste spécialisée dans la littérature du monde noir.
En mai 1986 elle prend la direction du musée qui s’installe d’abord dans un hôtel particulier de l’avenue Victor-Hugo, construit par Charles Plumet en 1901, un espace modeste (500 m2) auquel on accède par une petite cour plantée de bambous et de fougères.
Trois expositions sont organisées simultanément la première année, dont deux dans l’hôtel particulier, Les Cabinets de curiosités au XVIIe siècle et Figures de reliquaire dites kota. La troisième — la plus importante — se tient au musée des arts décoratifs de Paris et s’intitule Ouvertures sur l’art africain. Une trentaine de manifestations thématiques se succèdent ensuite. Celles sur la statuaire fang en 1991 (60 000 visiteurs) ou les arts dogons en 1994 (100 000 visiteurs) sont particulièrement remarquées[7].
Les Éditions Dapper se développent en parallèle et plusieurs des épais catalogues sont maintes fois réédités, souvent seule ressource iconographique disponible sur les sujets les plus pointus. Des ouvrages pour la jeunesse sont lancés en 1998, puis une collection de littérature.
- Un nouvel espace
Entre 1998 et 2001 un nouveau projet prend corps dans un espace attenant, mais dont l’accès se fera désormais par la rue Paul-Valéry. Confiées à Alain Moatti, l’architecture intérieure et la scénographie n’ont pas seulement pour vocation de mettre en valeur des objets. Il s’agit de concevoir un environnement pluridisciplinaire qui, outre les expositions et les conférences, accueillera aussi la littérature, le conte, la musique, la danse ou le cinéma, notamment grâce à une salle de spectacles d'une capacité de 165 à 190 personnes, complétée par une librairie et un café[8]. Des musiciens tels que Guem (Algérie), Ballaké Sissoko (Mali) ou Omar Sosa (Cuba) ont pu y être accueillis.
Le nouveau musée est inauguré le . Désormais la porte s’ouvre aussi plus largement à la création contemporaine, par exemple aux bronzes du sculpteur sénégalais Ousmane Sow – les trois premiers – ou aux installations de son compatriote Ndary Lô, telles que Échographie I, III, II (1998-1999) ou Xiif (1999-2001), ou encore aux œuvres colorées du peintre Wifredo Lam qui reflètent ses origines multiples.
Le musée Dapper est devenu une véritable entreprise qui employait 18 personnes en 2002. Il a acquis au fil des années une solide réputation dans une capitale où les arts africains ont longtemps pu paraître négligés. L’ouverture du musée du Quai Branly en 2006 modifie bien entendu la donne aujourd’hui. « Comment allez-vous résister ? », est une question souvent posée à Christiane Falgayrettes-Leveau, elle-même membre du conseil d'orientation de l'établissement public du Musée du Quai Branly de 1999 à fin 2004. La directrice du musée Dapper se montre confiante et met en avant synergie et complémentarité[10].
Confronté à une baisse de la fréquentation et à l'importance de ses coûts de fonctionnement, le musée ferme ses portes le . Cependant, la fondation Dapper poursuit ses activités de soutien aux arts de l'Afrique[11].
En 2017-2018, la fondation Dapper s'implique dans le Off de la biennale d'art contemporain Dak'Art, qui expose des objets anciens à la Fondation Clément en Martinique (sur les lieux d'une ancienne plantation) et doit reproduire cette démarche au Brésil[12].
De l'ethnographie à l'esthétique
[modifier | modifier le code]Parmi beaucoup d'autres, l'incontestable succès du musée Dapper témoigne d'un changement de paradigme dans la manière de présenter aux visiteurs des mondes différents du nôtre[13] : les musées d'ethnographie, jugés « mutilants » et réducteurs, cèdent désormais la place aux musées d'art. L'approche esthétique d'objets uniques et originaux l'emporte sur les vastes collections méthodiquement documentées. L'art africain notamment y a gagné en popularité, en considération, mais aussi en valeur marchande.
Expositions
[modifier | modifier le code]Liste non exhaustive
- La voie des ancêtres ( - )
- Abstractions aux royaumes des Kuba : dessin Shoowa ( - )
- Art et mythologie : figures tshokwe ( - )
- Cuillers-sculptures ( - )
- Fang ( - )
- Corps sublimes ( - )
- Dogon ( - )
- Réceptacles ( - )
- Chasseurs et guerriers ( - )
- Les trois premiers bronzes d'Ousmane Sow ( au )
- Lam métis ( - )
- L'art en marche de Ndary Lô ( - )
- Le geste kôngo ( - )
- Ghana hier et aujourd’hui ( - )
- Parures de tête ( - )
- Signes du corps ( - )
- Brésil, l'héritage africain ( - )
- Sénégal contemporain ( - )
- Masques, 50 visages ( - )
- Gabon, présence des esprits ( - )
- Animal ( - )
- Femmes dans les arts d'Afrique ( - )
- L'art d'être un homme. Afrique, Océanie ( - )
- Angola, figures de pouvoir ( - )
- Mascarades et Carnavals ( - )
- Design en Afrique. S'asseoir, se coucher et rêver ( - )
- Initiés, bassin du Congo ( - )
- L'Art de manger ( - )
- Chefs-d'œuvre d'Afrique dans les collections du Musée Dapper ( - )
- Les Mutants, de Soly Cissé ( - )
- Afriques. Artistes d'hier et d'aujourd'hui à la Fondation Clément (Martinique) ( - )
- Le Off de Dapper, dans le cadre de la Biennale de Dakar (Gorée, Sénégal) ( - )
- Ndary Lo, rétrospective, dans le cadre de la Biennale de Dakar (Dakar, Sénégal) ( - )
- Vivre! Photographies de la résilience (Gorée, Sénégal) ( - )
Dapper à l'international
[modifier | modifier le code]Depuis de nombreuses années, et après avoir octroyé de nombreuses bourses de recherches et d'études dans le domaine des arts africains, la Fondation Dapper s'implique activement dans des projets culturels et pédagogiques sur le continent africain. Depuis sa création, des collaborateurs participent à des conférences ou animent des rencontres, expositions et ateliers dans divers pays. Aujourd'hui, devenue nomade, la Fondation Dapper poursuit activement ses actions et souhaite sensibiliser un nouveau public, notamment en Afrique et dans la Caraïbe.
Gorée (Sénégal)
[modifier | modifier le code]Après l'organisation et le succès des expositions Mémoires et Masques présentées à Gorée ( - ), la Fondation Dapper a poursuivi son action au Sénégal en proposant au public local, tout particulièrement aux établissements scolaires et universitaires, la manifestation Formes et Paroles ( - ).
La Fondation Dapper s'engage avec le soutien de l'Institut français et le partenariat de la Mairie de Gorée dans la réhabilitation de la place publique nommée place du marché des Jeunes Filles"
La Fondation Dapper participe à la manifestation Gorée - Regards sur Cours ( – ), dans le cadre de laquelle elle propose deux expositions autour du thème « L'eau et l'ailleurs », d'artistes internationalement connus, Jason deCaires Taylor et Nyaba Léon Ouedraogo.
En 2018, la Fondation Dapper organise, dans le cadre du OFF de la Biennale de Dakar, Le Off de Dapper, une grande exposition réunissant installations (Ernest Breleur, Soly Cissé, Joel Mpah Dooh, Bili Bidjocka et Gabriel Malou), photographies (Joana Choumali) et street art (BeauGraff et Guiso du collectif RBS).
Dakar (Sénégal)
[modifier | modifier le code]En 2018, la Fondation Dapper présente dans l'ancien Palais de Justice, dans le cadre du In de la Biennale de Dakar, une importante rétrospective sur l'artiste sénégalais Ndary Lo, disparu en 2017. Cette exposition a rencontré un vif succès, tant auprès des visiteurs étrangers que des Sénégalais qui ont pu découvrir ou redécouvrir un artiste majeur.
Martinique
[modifier | modifier le code]En 2018 (janvier à mai), la Fondation Clément s’associe à la Fondation Dapper pour ouvrir ses portes à l’exceptionnelle créativité d’artistes qui, hier comme aujourd’hui, témoignent de la richesse d’une Afrique plurielle. Jamais la Martinique, ni même plus largement la Caraïbe, n’ont auparavant accueilli une manifestation de ce type et de cette envergure : une centaine d'œuvres d'arts anciens, issues de la collection Dapper, ont été présentées ainsi que les œuvres de dix-sept artistes contemporains de renom (Ousmane Sow, Omar Victor Diop, Samuel Fosso, Malala Andrialavidrazana, Hassan Musa (en), Sam Nhlengethwa, Freddy Tsimba, Cyprien Tokoudagba, Ouattara Watts, Omar Ba, Barthélemy Toguo, Chéri Samba, Kudzanai-Violet Hwami, Nyaba Léon Ouedraogo, Ransome Stanley, Soly Cissé et Joana Choumali).
Notes
[modifier | modifier le code]- Chiffres des années 1990, cités par E. de Roux dans Le Monde, 1er décembre 2000
- « Communiqué de presse de la Fondation Dapper - mai 2017 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur dapper.fr, .
- « Mort de Michel Leveau, fondateur du musée Dapper », Le Monde, 15 novembre 2012 [1]
- « Sur les chemins de la connaissance de l'Afrique avec la Fondation Dapper », La Lettre de la CADE, no 43, mars 2001 [2]
- E. de Roux, « La collection d’art africain du Musée Dapper dans ses habits neufs », Le Monde, loc. cit.
- Biographie de Christiane Falgayrettes-Leveau sur le site du Ministère de l’intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales
- « Dapper rouvre et s’ouvre. La Fondation devient un centre culturel », Le Journal des arts, no 116, 1er décembre 2000 [3]
- Éric Le Mitouard, « Paris : le dernier week-end du musée Dapper », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
- Le graphisme épuré du logo qui semble évoquer l’Empire du soleil levant est pourtant très proche d’un appuie-tête téké/mfinu (RDC) présenté lors de l’exposition Parures de tête [4]
- L’interculturel dans la littérature de jeunesse. Pour une mémoire partagée, CRDP de l'Académie de Créteil, 17 mai 2006 [5]
- En direct : dernière visite du musée Dapper avant sa fermeture, Le Monde Afrique, 24 mai 2017.
- Matteo Maillard, « Les jeunes Africains sont plus concernés par l’art que les Français qui venaient au musée Dapper », lemonde.fr, (consulté le ).
- Voir Benoît de L'Estoile, Le Goût des autres : de l'Exposition coloniale aux arts premiers, Flammarion, Paris, p. 239-245 ; p. 255-256
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: Sources utilisées pour la rédaction de l'article
- (en) Bennetta Jules-Rosette, « Musee Dapper. New Directions for a Postcolonial Museum », African Arts, vol. 35, 2002
- Louis Perrois, « Promotion ou recherche : choix ou complémentarité. Réflexion à propos des expositions de la Fondation Dapper », Arts d'Afrique noire, 1987, n° 61, p. 15-16
- Emmanuel de Roux, « La collection d'art africain du Musée Dapper dans ses habits neufs », Le Monde,
- C. Firmin-Didot, « L'Afrique des grands espaces », Télérama, n° 2659, 23-
- D. Blanc, « Au cœur des diasporas noires », Connaissance des arts, n° 579,
- B. des Isles, « Arts d'Afrique dans le nouveau musée Dapper », Arts Actualités Magazine, -
- C. Vallette, « Le musée Dapper dans ses nouveaux murs », Le Magazine,
- M. Boutoulle, « Dapper ou la magie noire », ArtÉconomie, -
- F. Accorsi, « L'Afrique à Paris : repères du musée Dapper », Les Échos,
- L. Verchère, « Aux sources de l'art africain », Elle Décoration, janvier-
- Emmanuel de Roux, « Christiane Falgayrettes, un air d'Afrique », Le Monde,
- Jean-Claude Perrier, « L'Afrique au cœur », Le Figaro,
- Benoît de L'Estoile, Le goût des autres : de l'Exposition coloniale aux arts premiers, Flammarion, Paris, 453 p. (ISBN 978-2-0821-0498-2)